Tanzanie, endémisme et serpents mythiques – Tanzania, mythical snakes

Dendroaspis angusticeps

Après une année 2022 sans voyage, il devenait urgent pour moi de retourner en zone tropicale… Et si possible en Afrique ! Après l’Ouganda, le Kenya, la Côte d’Ivoire, c’est en toute logique la Tanzanie et ses Atheris endémiques qui me tendaient les bras. En fait, nous avions déjà failli partir en 2022, mais la crise COVID avait eu raison du voyage. Cette fois, c’est la bonne !

C’est accompagné de mes classiques acolytes, Yannick, Robin, Fabrice, ainsi que de Jules, Agathe, et Gaëlle (qui s’est rattachée à la dernière minute), que nous partons pour une virée dans le sud-ouest du pays. Clairement pas le secteur le plus touristique, mais peu importe… au contraire même !

Pour schématiser, depuis l’épicentre économique du pays (Dar Es Salaam) en direction du sud-ouest du lac Malawi, s’étend une série de chaînes de montagne, habitées par une multitude d’espèces endémiques, dont évidemment, reptiles et amphibiens. C’est ici que nous irons !

Depuis nos points de départs respectifs, nous arrivons tous plus ou moins à la même heure, en début/milieu de nuit, à l’aéroport de Dar Es Salaam. Nous y attend Emanuel, qui sera notre guide pour deux semaines, déjà très souriant et enthousiaste. Nous filons directement à l’hôtel pour une première courte session de sommeil, avant le départ le lendemain matin, pour le premier secteur, les montagnes d’Uluguru. Une forêt ancienne et préservée, abritant un premier gecko endémique, Lygodactylus williamsi. Mais avant de décoller, petit déjeuner copieux, et pause photos avec les premiers reptiles du voyage, des Lygodactylus justement, pas vilains non plus : Lygodactylus picturatus. Ils sont très nombreux dans le jardin, accompagnés de quelques Hemidactylus et d’un Trachypelis striatus.

After a year 2022 without travel, it became urgent for me to return to the tropics… And if possible in Africa! After Uganda, Kenya, Ivory Coast, it is logically Tanzania and its endemic Atheris that I was looking forward to. In fact, we had already almost gone there in 2022, but the COVID crisis caused cancelation of the trip. But this one is the good one!

This trip was realised with my classic acolytes, Yannick, Robin, Fabrice, as well as Jules, Agathe, and Gaëlle (who joined us at the last minute). Our main goal is the south-west of the country. Clearly not the most touristic area, but it doesn’t matter… on the contrary!

To put it simply, from the economic epicenter of the country (Dar Es Salaam) towards the southwest of Lake Malawi, there is a series of mountain ranges, inhabited by a multitude of endemic species, including of course, reptiles and amphibians. This is where we will go!

From our respective departure points, we all arrive more or less at the same time, in the beginning/middle of the night, at the Dar Es Salaam airport. Emanuel, who will be our guide for two weeks, was waiting us, already very smiling and enthusiastic. We go directly to the hotel for a first short sleep session, before the departure the next morning, for the first sector, the Uluguru moutains. An old and preserved forest, home to the first endemic gecko, Lygodactylus williamsi. But before taking off, we had a copious breakfast, and a photo break with the first reptiles of the trip, Lygodactylus picturatus, not bad either. They are very numerous in the garden, accompanied by some Hemidactylus and a Trachypelis striatus.

MONTAGNE D’ULUGURU – ULUGURU MOUNTAINS

Nous partons enfin dans notre « Stuff Bus », qui va s’avérer être notre valeureux véhicule pour 15 jours, pas le plus confortable (loin de là), pas le plus spacieux (nous sommes nombreux et chargés), mais toujours vaillant et à l’aise sur tous les terrains, conduit de main de maître par LE pilote, Raymond ! La route s’avère bien longue, mais c’est sans savoir ce qui nous attend par la suite…

Sur la route vers Uluguru, les décors de montagnes et de maisons intégrées dans la roche sont tout bonnement fabuleux.  Après une bonne dernière heure de piste, nous arrivons sur site en fin d’après-midi, le temps s’est déjà vite écoulé, et nous partons sans attendre pour une première sortie terrain (enfin !) sur la terra typica de Lygodatylus williamsi. Nous parvenons rapidement à voir plusieurs individus, plutôt farouches toutefois, et la luminosité de fin de soirée ne permet pas de photos incroyables. La nuit tombe, et nous décidons de rentrer doucement en prospectant le long du chemin… Première rencontre (début d’une longue série) avec quelques caméléons, premiers Rieppeleon brevicaudautus et surtout un Kinyongia magomberae, une espèce rare et censée… ne pas être présente ici. De toute évidence une belle découverte qui étend largement sa répartition plus à l’est. Citons également quelques Xenopus muelleri et autres amphibiens, et nos premiers serpents, Lycophidion capense et Prosygmna stuhmanni. Malheureusement, un Elaposoides nigra nous échappe dans les feuilles mortes, mais une dernière surprise nous attend, un jeune Broadleysaurus major, une espèce que j’avais souvent admirée dans les ouvrages… enfin sous mes yeux !

Lygodactylus williamsi

Kinyongia magomberae

We finally leave in our “Stuff Bus”, our valiant vehicle for 15 days, not the most comfortable (far from it), not the most spacious (we are numerous and loaded), but always ok and at ease on all the grounds, driven with master’s hand by THE pilot, Raymond! The road is quite long, but we don’t know what is waiting for us afterwards…

On the road to Uluguru, the scenery of mountains and houses integrated in the rock are simply fabulous. After a good last hour of track, we arrived on site at the end of the afternoon, the time had already passed quickly, and we left without waiting for a first field trip (finally!) on the terra typica of Lygodatylus williamsi. We quickly manage to see several individuals, rather shy however, and the luminosity of late evening does not allow incredible photos. The night falls, and we decide to return slowly by prospecting along the path… First encounter (beginning of a long series) with some chameleons, first Rieppeleon brevicaudautus and especially a Kinyongia magomberae, a rare species and supposedly… not present here. Obviously a nice discovery that extends its distribution further east. Let us also mention some Xenopus muelleri and other amphibians, and our first snakes, Lycophidion capense and Prosygmna stuhmanni. Unfortunately, an Elaposoides nigra escaped us in the dead leaves, but a last surprise awaited us, a young Broadleysaurus major, a species I had often admired in books… finally under my eyes!

FORET D’IRINGA – IRINGA FOREST

Le timing est court, et nous devons partir, dès le lendemain matin, pour de nouvelles aventures. C’est le secteur d’Iringa qui nous attend désormais, où nous avons bon espoir d’observer… nos premières Atheris. La route est cette fois infiniment longue, à tel point que nous n’arriverons au lodge… qu’après minuit passé ! Nos hôtes ont heureusement patienté et nous accueillent avec un repas qui nous permet de bien récupérer. Nous enchainons sans plus attendre par une sortie de nuit : impossible d’attendre d’avantage, et il faut délasser les jambes engourdies ! Bien nous en prend, puisque nous découvrons, 5 minutes à peine après notre arrivée sur site, non pas une, mais trois Atheris ceratophora, en l’espace de quelques dizaines de mètres ! C’est tout bonnement incroyable. Ce serpent endémique de Tanzanie est magnifique. C’est une Atheris « à cornes » (si on peut parler de cornes, il faudrait plutôt parler de sourcils). Ainsi affublée et dans sa robe habituelle, le jaune vif, elle rappelle un peu Bothriechis schlegelii, l’archiconnue vipère jaune du Costa Rica. Une sorte de convergence évolutive si l’on va par là, comme il en existe des tonnes entre les différents continents.

C’est parti pour une session photo, puis nous poursuivons la marche sur le sentier pour de nouvelles découvertes. Pas énormément d’espèces supplémentaires, mais toutefois quelques nouveaux caméléons, trois espèces ici : Rhampholeon moyeri, Trioceros werneri et Trioceros tempeli. Nous ne nous éternisons pas, il commence à être bien tard, et nous partons nous coucher pour une courte nuit certes, mais bien méritée.

Le lendemain, nous retournons prospecter en matinée sur les mêmes sentiers. Certaines Atheris et certains caméléons sont toujours là et n’ont pas ou peu bougé depuis la nuit dernière, d’autres ont disparu. Les Rhampholéon, si nombreux la nuit, sont invisibles en journée (ou presque, bravo Agathe !).  Je me concentre sur le sol et les feuilles mortes. En effet, le secteur que nous prospectons abrite potentiellement une deuxième rare et mythique espèce d’Atheris : Atheris barbouri. On y reviendra, mais c’est une espèce de litière, strictement terrestre. Au cours des prospections, une possible Causus resimus échappe à Robin. Cette espèce (toutes les espèces du genre Causus en fait) est mon chat noir : les Causus sont a priori abondantes partout en Afrique centrale… mais je n’ai jamais réussi à en observer une seule. Je l’avais déjà raté en Côte d’Ivoire, et jamais vu par ailleurs… Je ne suis plus à ça près ! Il parait que les Causus sont abondantes ici et là… Il parait, moi je crois que c’est une légende ! Un jour je l’aurai.

Par ailleurs, nous observons quelques amphibiens (notamment notre première Kassina senegalensis, magnifique !), et deux Boaedon fulginosus, une espèce, pour le coup, réellement abondante en Afrique, et ça ce n’est pas une légende ! L’après midi est consacrée à de courtes prospections, et surtout à une bonne sieste. En fin de journée, un énorme orage nous accueille. La pluie tombe, et fort. La nuit qui s’en suit va s’avérer bien plus conforme à une prospection nocturne en forêt africaine : rien, aucune observation en forêt, qui semble totalement vide. Il faut dire que la température est fortement tombée avec la pluie et a peut-être découragé les animaux. Nous parvenons malgré tout, en fin de soirée, à observer quelques amphibiens en activité au bord d’un étang. De nombreuses Hyperolius et Afrixalus, quelques bébés caméléons, et un serpent, un Crotaphopeltis tornieri en chasse.

Atheris ceratophora

The timing is short, and we have to leave, the next morning, for new adventures. It is the Iringa area that is waiting for us now, where we have good hope to observe… our first Atheris. The road is this time infinitely long, so much so that we will arrive at the lodge… only after midnight! Fortunately, our hosts were patient and welcomed us with a meal that allowed us to recover well. We go on without waiting any more with a night outing: impossible to wait any more, and we have to relax our numb legs! Well, we were lucky, because we discovered, 5 minutes after our arrival on spot, not one, but three Atheris ceratophora, in the space of a few tens of meters! It is simply incredible. This endemic snake of Tanzania is magnificent. It is an Atheris “with horns” (if we can speak about horns, we should rather speak about eyebrows). Thus dressed and in its usual color, the bright yellow, it reminds a little Bothriechis schlegelii, the very known yellow viper of Costa Rica. A kind of evolutionary convergence if we go that way, as there are tons between the different continents.

Let’s go for a photo session, then we continue walking on the trail for new discoveries. Not a lot of additional species, but however some new chameleons, three species here: Rhampholeon moyeri, Trioceros werneri and Trioceros tempeli. We did not stay long, it was getting late, and we went to bed for a short night, but well deserved.

The next day, we went back to the same paths in the morning. Some Atheris and some chameleons are still there and have not moved much since last night, others have disappeared. The Rhampholeon, so numerous at night, are invisible during the day (or almost, congrats Agathe!). I was especially focus on the ground and the dead leaves. Indeed, the sector we are prospecting potentially shelters a second rare and mythical species of Atheris: Atheris barbouri. We will come back to it, but it is a litter species, strictly terrestrial. During the surveys, a possible Causus resimus escapes Robin. This species (all species of the genus Causus in fact) is my black cat: Causus are abundant everywhere in Central Africa… but I never succeeded in observing one. I had already missed it in Ivory Coast, and never seen it elsewhere… It seems that the Causus are abundant here and there, I believe that it is a legend! One day I will have it.

Besides, we observed some amphibians (in particular our first Kassina senegalensis, magnificent!), and two Boaedon fulginosus, a species really abundant in Africa, and that it is not a legend! The afternoon was devoted to short prospections, and especially to a good nap. At the end of the day, a huge storm welcomes us. The rain falls, and hard. The night that follows will turn out to be much more in conformity with a night prospection in African forest: nothing, no observation in the forest, which seems totally empty. The temperature fell strongly with the rain and perhaps discouraged the animals. Nevertheless, we managed to observe some amphibians in activity at the edge of a pond at the end of the evening. Many Hyperolius and Afrixalus, some baby chameleons, and a snake hunting frogs, a Crotaphopeltis tornieri.

FORETS DE NJOMBE – NJOMBE FOREST

Nous partons le lendemain matin, non sans regret. Le lieu était top, super accueil, grand confort, repas excellents. Mais nous avons encore beaucoup à faire ! Nous souhaitons notamment tenter notre chance avec Atheris mathildae. Cette Atheris a été découverte tout récemment. C’est une espèce « sœur » d’Atheris ceratophora, morphologiquement très proche mais possiblement plus grosse. Les sites de présence sont gardés secret pour préserver l’espèce de toute collecte (et c’est tant mieux) mais nous avons repéré quelques habitats favorables que nous souhaitons tester. Le trajet s’est passé parfaitement. Nous récupérons en chemin Jimmy, qui sera notre cuisto pour tout le reste du trajet. Grâce à Jimmy, nous ne mourrons pas de faim ! Jimmy s’adapte en plus à nos horaires peu « orthodoxes », et c’est vraiment top pour nous. Le trajet se fait sur une route récente, quasi neuve. Nous sommes en revanche frappés par la dégradation des milieux. A perte de vue, tout au long de la route, ne s’étendent que des plantations de bois de production. C’est impressionnant, et assez déprimant. En parlant de déprime, nous allons avoir le droit à une belle déception le soir de notre arrivée : alors que nous atteignons le village à la tombée de la nuit et que tout semblait ok (Emanuel avait tout préparé en amont), nous sommes invités à nous présenter à un conseil du village. Après de longues discussions en swahéli (et donc inaudibles pour nous), les villageois finissent par nous dire que nous ne pouvons pas aller en forêt ! Sûrement (comprendre « peut-être ») demain… Les villageois n’ont jamais vu d’étrangers avant nous, et nous expliquent que la forêt est sacrée. C’est peut-être ce qui a permis de sauver cette dernière parcelle de forêt vierge, donc on ne va pas les blâmer ! En revanche, nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre une journée à l’hôtel pour repasser le lendemain et retenter notre chance… sans plus de garantie. Nous décidons donc d’abandonner l’idée et de gagner un jour sur le planning, en filant directement sur un nouveau spot, où la présence d’Atheris barbouri est avérée. Enfin parait-il !

We left the next morning, not without regret. The place was top, great welcome, great comfort, excellent meals. But we still have a lot to do! We would like to try our luck with Atheris mathildae. This Atheris was discovered very recently. It is a “sister” species of Atheris ceratophora, morphologically very close but possibly bigger. The sites of presence are kept secret to preserve the species from any collection (and it is so much better) but we have located some favorable habitats that we want to test. The trip went perfectly. We pick up Jimmy on the way, who will be our cook for the rest of the trip. Thanks to Jimmy, we will not die of hunger! Jimmy adapts to our unorthodox schedules, and it’s really great for us. The journey is done on a recent road, almost new. We are on the other hand struck by the degradation of the environments. As far as the eye can see, all along the road, there are only plantations of production wood. It is impressive, and rather depressing. Speaking of depressing, we are going to have the right to a beautiful disappointment the evening of our arrival: whereas we reach the village at nightfall and that everything seemed ok (Emanuel had prepared everything beforehand), we are invited to present ourselves to a village council. After long discussions in Swahili (and therefore inaudible for us), the villagers finally tell us that we cannot go to the forest! Probably (understand “maybe”) tomorrow… The villagers have never seen foreigners before us, and explain to us that the forest is sacred. It is perhaps what allowed to save this last piece of virgin forest, so we are not going to blame them! On the other hand, we cannot allow ourselves to wait one day in the hotel to come back the next day and try our chance again… without more guarantee. So we decided to give up the idea and to gain one day on the planning, by going directly to a new spot, where the presence of Atheris barbouri is proven. Finally it seems !

FORETS DE NJOMBE II – NJOMBE FOREST II

Nous rejoignons donc le lendemain, une forêt d’altitude où a été vu Atheris barbouri. Nous pensons à peu près connaître la localité exacte, nous avons l’habitat préférentiel de l’espèce… toutes les chances sont de notre côté ! Et bien pendant 3 jours et nuits de prospections intenses, nous ne parviendrons pas à observer l’espèce. Ni même cette espèce, ni même aucune autre d’ailleurs ! Pas un serpent en trois jours, à l’exception d’un Afrotyphlos mucruso, malheureusement mort, mâchouillé par un prédateur. Une dernière sortie nocturne aura permis l’observation d’un Trioceros tempeli, seul éclair parmi les mornes nuits où seuls les Rampholeon nchisiensis nous tiennent éveillés. Il faut le signaler, malgré nos nombreuses expériences africaines, jamais une forêt n’aura montré aussi peu d’activité ! Nous laissons donc Atheris barbouri et ses mystères derrière nous… ça sera une belle occasion de revenir en Tanzanie ! Mais plus jamais dans cette forêt, ça c’est sûr !

Trioceros tempeli

We join the following day, a forest of altitude where was seen Atheris barbouri. We think we know the exact location, we have the preferential habitat of the species … all the chances are on our side! Well, during 3 days and nights of intense prospecting, we did not manage to observe the species. Not even this species, nor any other for that matter! Not a snake in three days, except for an Afrotyphlos mucruso, unfortunately dead, chewed by a predator. A last nocturnal outing allowed the observation of a Trioceros tempeli, the only flash of light among the dreary nights where only Rampholeons nchisiensis kept us awake. It should be noted that, despite our numerous African experiences, never a forest has shown so little activity! So we leave Atheris barbouri and its mysteries behind us… it will be a great opportunity to come back to Tanzania! But never again in this forest, that’s for sure!

MONTAGNE DE RUNGWE – RUNGWE MOUNTAINS

La route consacrée à rejoindre le Mont Rungwe va à nouveau être bien longue ! Déjà, rejoindre le parc va s’avérer une longue aventure, mais les derniers kilomètres vont s’avérer plus compliqués encore ! Le chemin d’accès est définitivement trop dégradé pour notre bus. Malgré ses 4 roues motrices, rien n’y fait, notre valeureux bus ne parvient pas à franchir un passage trop difficile. Raymond doit donc nous abandonner sur place et nous finissons donc entassés, bagages et passagers, dans un 4×4 plus adapté au terrain. C’est vers 2h30 du matin que nous rejoignons enfin la maison du parc et nos toiles de tente, accueillis par toute l’équipe. Super accueil, l’équipe est super sympa, ça va être chouette…. Au lit et à demain !

Le matin, nous sommes d’attaque pour une première balade. Nous sommes ici sur la terra typica de Atheris rungweensis, une des plus belles Atheris (à mon goût), et l’espèce cible n°1 du trip. Nous ne parvenons pas à observer l’espèce durant la matinée, mais ça sent plutôt bon ! Les animaux semblent en effet bien actifs, et nous observons rapidement plusieurs espèces d’amphibiens et de reptiles, avec notamment deux Thelotornis mossambicanus, un nouveau Crotaphopeltis tornieri, ou encore un Philothamnus semivariegatus que nous échappons lamentablement.

Thelotornis mossambicanus

Après la traditionnelle sieste de l’après-midi, nous retournons la nuit tombée sur le même secteur… et enfin les voilà ! Trois Atheris rungweensis, coup sur coup. Un moment magique, récompense de tous ces efforts. Et une espèce absolument splendide, c’est confirmé !

Le lendemain matin, c’est repos, et une interview de la responsable du parc qui souhaite savoir ce que nous pensons de l’accueil (qui est juste parfait). Nous décidons de nous préparer pour un début d’ascension du Mont Rungwe, ayant pour but l’observation de Kinyongia vanheygeni, probablement un des caméléons les plus rares de Tanzanie. Nous débutons l’ascension à la tombée de la nuit, accompagnés de quelques singes, grenouilles, et de dizaines de Rhampholeon nchisiensis. Nous finissons par observer un Kinyongia, mais, nous sommes forcés de rebrousser chemin, avec le retour de la pluie. Le lendemain matin, nous quittons Rungwe pour la plaine et les bords du lac Malawi. Bravo à toute l’équipe du parc Rungwe, et mention spéciale pour l’ « ancien » (je n’ai pas retenu son nom), 71 ans, mais bon pied bon œil !

The road to reach Mount Rungwe will be long again! Already, to join the park will prove to be a long adventure, but the last kilometers will prove to be even more complicated! The access road is definitely too bad for our bus. In spite of its 4 driving wheels, nothing makes it, our valorous bus does not manage to cross a too difficult passage. Raymond has to abandon us on the spot and we end up crammed, luggage and passengers, in a 4×4 more adapted to the ground. It’s around 2:30 am that we finally reach the park house and our tents, welcomed by the whole team. Great welcome, the team is very nice, it’s going to be great…. In bed and see you tomorrow!

The morning, we are of attack for a first ballade. We are here on terra typica of Atheris rungweensis, one of the most beautiful Atheris (for my taste), and the target species n°1 of the trip. We don’t manage to observe the species during the morning, but it smells pretty good! The animals seemed to be very active, and we quickly observed several species of amphibians and reptiles, with notably two Thelotornis mossambicanus, a new Crotaphopeltis tornieri, or a Philothamnus semivariegatus that we lamentably missed.

After the traditional afternoon nap, we went back to the same area at night… and there they were! Three Atheris rungweensis, one after the other. A magic moment, reward of all these efforts. And an absolutely splendid species, it is confirmed!

The next morning, it’s rest, and an interview with the park manager who wants to know what we think of the welcome (which is just perfect). We decide to get ready for a start of the ascent of Mount Rungwe, with the aim of observing Kinyongia vanheygeni, probably one of the rarest chameleons in Tanzania. We start the climb at nightfall, accompanied by some monkeys, frogs, and dozens of Rhampholeon nchisiensis. We end up observing a Kinyongia, but, we are forced to turn back, with the return of the rain. The next morning, we left Rungwe for the plain and the banks of Lake Malawi. Congratulations to the whole team of the Rungwe park, and special mention to the “old man” (I didn’t remember his name), 71 years old, but with a good eye!

LAC DE MALAWI – MALAWI LAKE

Changement total de décors en arrivant aux abords du lac Malawi : le relief a disparu, et les marais s’étendent désormais à perte de vue. Nous nous installons dans un hôtel au bord de la plage, à quelques mètres à peine du lac. A l’est, la vue sur les flancs de montagne qui tombent dans le lac est magnifique. On devine, dans les nuages, les forêts au cœur desquels nous avons cherché, sans succès, Atheris barbouri. Aïe ! En tout cas, le séjour s’annonce très confortable, et nous commençons par une première baignade (la première d’une longue série) rafraîchissante. On devrait être bien ici !

Les prospections consisteront à de longues marches  dans les marais et les rizières. Notre cible n°1 est Proatheris supercilliaris, un petit vipéridé présent autour du Lac Malawi. Mais on ne va pas se mentir, les chances d’observer l’espèce sont quasi nulles. Il n’y aurait eu que deux observations en un siècle dans le secteur ! Qui plus est, les marais ont été largement transformés pour la plantation du riz et du manioc, et peu de parcelles naturelles subsistent encore. Pas de suspense et pas de Proatheris donc, mais cela ne nous empêchera pas de réaliser de nombreuses observations très intéressantes : varans, tortue (la seule du voyage, une Pelusios rhodesianus, sur laquelle Jules a cogné avec une de ses bottes !), agames, quelques Philothamnus (angolensis et macrops – trois dans un même arbuste !) et enfin de très nombreux amphibiens, Hyperolius en tête. Yannick se sacrifie pour un gros caméléon qui s’avérera être un “banal”… Chamaeleo dilepis, les prospections nocturnes se font dans les pas des hippopotames (peu rassurant !), et bien sûr, toujours pas de Causus (Causus defilippii a pourtant été observé non loin de l’hôtel).

Philothamnus angolensis

Hemisus marmoratus

Total change of scenery when we arrive at the outskirts of Lake Malawi: the relief has disappeared, and the swamps now spread out as far as the eye can see. We settle down in a hotel at the edge of the beach, just a few meters away from the lake. To the east, the view on the mountain sides which fall into the lake is magnificent. We guessed, in the clouds, the forests in the heart of which we looked for, without success, Atheris barbouri. Ouch! In any case, the stay looks very comfortable, and we begin by a first bath (the first of a long series) refreshing. We should be well here!

The prospections will consist of long walks in the swamps and rice fields. Our target n°1 is Proatheris supercilliaris, a small viperidae present around the Lake Malawi. But we are not going to lie, the chances to observe the species… are almost null. There would have been only two sightings in a century in the area! Moreover, the marshes have been largely transformed for the plantation of rice and manioc, and few natural plots still remain. No suspense and no Proatheris, but this did not prevent us from making many interesting observations: monitor lizards, turtles (the only one of the trip, a Pelusios rhodesianus, which Jules hit with his boot!), agamas, some Philothamnus (angolensis and macrops – three in the same shrub!) and finally many amphibians, Hyperolius in the lead. Yannick sacrificed himself for a big chameleon which turned out to be a… Chamaeleo dilepis, the nocturnal prospections were done in the footsteps of hippos (not very reassuring!), and of course, still no Causus (Causus defilippii was observed not far from the hotel in the past).

 

RETOUR SUR MOROGORO – BACK TO MOROGORO

Après ces deux jours reposants au bord du lac, il est désormais temps de prendre la route du retour, direction l’aéroport. Il nous reste trois jours, et la route est longue, très longue. Nous partons donc avant le lever du soleil pour une journée quasi complète sur la route, sans pause ou presque, jusqu’à Morogoro. Nous y arrivons de nuit, et nous prenons rendez-vous dans un premier hôtel pour tenter d’observer le plus gros caméléon du continent, Trioceros melleri. Nous trouvons rapidement un mâle de toute beauté, et en effet, c’est gros ! Les plus gros adultes atteignent 60 cm de long, et celui-ci les approche. Nous trouvons également quelques lézards, un nouveau Boaedon fulginosus, et surtout la grenouille la plus étonnante du séjour, Breviceps fichus (quel look !). Il est déjà minuit quand nous quittons le site, mais la nuit n’est pas finie. Nous avons en effet rendez-vous avec quelques locaux non loin de la ville pour une dernière prospection nocturne, à la recherche de Mamba vert Dendroaspis angusticeps et Boomslang Dispholidus typus. La moitié de l’équipe, trop fatiguée du trajet, préfère rester dormir. C’est donc à trois (Yannick, Robin et moi-même), accompagné du toujours motivé Emanuel que nous nous lançons pour cette dernière session nocturne. Une session qui ne durera pas plus de deux heures (il est déjà très tard), mais deux heures complètement folles ! Deux Boomslangs, dont une énorme femelle et un magnifique Mamba nous attendent en effet, perchés plus ou moins hauts dans les manguiers. Boomslang et Mamba vert, deux espèces mythiques du continent africain : quelle soirée !

Le lendemain matin, nous retournons sur site pour quelques nouvelles prospections et photos. En début d’après-midi, les suisses doivent nous quitter : leur avion est prévu pour le soir même, et ils rentreront donc avec une nuit d’avance, en bus. Côté français, il nous reste une dernière nuit, que nous consacrons à nouveau aux Mambas. Mais le vent s’est levé, et les animaux sont moins visibles (encore un Mamba quand même, un peu trop haut dans un arbre !). Fabrice est alerté par des locaux à propos d’un gros serpent noir, enfui dans un terrier… Surement un cobra cracheur, Naja nigricollis ? Mais c’est trop tard, l’animal a déjà disparu.

Trioceros melleri

Dendroaspis angusticeps

After these two relaxing days at the lake, it is now time to take the road back to the airport. We have three days left, and the road is long, very long. So we leave before sunrise for an almost complete day on the road, without any break or almost, until Morogoro. We arrive there at night, and we take an appointment in a first hotel to try to observe the biggest chameleon of the continent, Trioceros melleri. We quickly find a beautiful male, and indeed, it is big! The biggest adults reach 60 cm in length, and this one approaches them indeed. We also found some lizards, a new Boaedon fulginosus, and the most amazing frog of the trip, Breviceps fichus (what a look!). It is already midnight when we leave the site, but the night is not over. We had an appointment with some locals not far from the city for a last night prospection, in search of Green Mamba Dendroaspis angusticeps and Boomslang Dispholidus typus. Half of the team, too tired of the trip, preferred to stay asleep. So it was with three of us (Yannick, Robin and myself), accompanied by the always motivated Emanuel that we set off for this last night session. A session which will not last more than two hours (it is already very late), but two completely crazy hours! Two Boomslangs, including a huge female and a magnificent Mamba are waiting for us, perched more or less high in the mango trees. Boomslang and green Mamba, two mythical species of the African continent: what an evening!

The next morning, we went back to the site for some new prospections and photos. At the beginning of the afternoon, the Swiss have to leave us: the plane is planned for the same evening, and they will return with one night in advance, by bus. On the French side, we have one last night, which we dedicate again to the Mambas. But the wind has risen, and the animals are less visible (still a Mamba!). Fabrice was alerted by some locals about a big black snake, running away in a burrow… Probably Naja nigricollis? But it’s too late, the animal has already disappeared.


Retour sur Dar Es Salam – Back to Dar Es Salam

Le lendemain signe pour nous l’heure du retour à l’aéroport. Une dernière balade plutôt originale, au cœur de la ville, dans un golf, nous permet d’observer quelques dernières espèces, dont un Molchus afer et un dernier serpent (Crotaphopeltis hotamboeia caché dans les feuilles mortes, si si c’est possible, comme quoi il faut insister !)

Rien à signaler lors du trajet du retour, même si les bouchons en arrivant en ville, sont comme d’habitude, énormes. Mais Raymond, qui semble connaître le coin comme ça poche, se faufile tel un serpent par une multitude de raccourcis, et nous arrivons, presque en avance, à l’aéroport.
C’est l’heure des adieux, enfin des au-revoirs, car c’est sûr, nous reviendrons en Tanzanie ! Nous avons encore quelques espèces à trouver, et Emanuel, Raymond et Jimmy étaient bien trop compétents !

Photos : Agathe, Gaëlle, Jules, Yannick, Robin, Fabrice et moi-même. Merci à toute l’équipe pour la bonne humeur constante !

The next day was the time for us to go back to the airport. A last rather original walk, in the heart of the city, in a golf course, allows us to observe some last species, among which a Molchus afer and a last snake (Crotaphopeltis hotamboeia hidden in the dead leaves, if it is possible!)

Nothing to report on the way back, even if the traffic jams when arriving in town are, as usual, huge. But Raymond, who seems to know the area like the back of his hand, sneaks like a snake through a multitude of shortcuts, and we arrive, almost in advance, at the airport.
It’s time to say goodbye, because we will come back to Tanzania for sure! We still have some species to find, and Emanuel, Raymond and Jimmy were far too competent!

Photos : Agathe, Gaëlle, Jules, Yannick, Robin, Fabrice and myself. Thanks to all the team for the constant good mood !

Liste des espèces – Species list

Pelusios rhodesianus
Agama mossambica
Acanthocercus gregorii
Broadleysaurus major
Trachylepis maculilabris
Trachylepis striata
Trachylepis varia
Mochlus afer
Panaspis wahlbergi
Hemidacylus mabouia
Hemidacylus platycephalus
Lygodactylus angularis
Lygodactylus capensis
Lygodactylus picturatus
Lygodactylus williamsi
Ancylodactylus barbouri
Rieppeleon brevicaudautus
Rhampholeon moyeri
Rhampholeon nchisiensis
Kinyongia magomberae
Kinyongia vanheygeni
Chamaeleo dilepis
Trioceros dilepis
Trioceros melleri
Trioceros tempeli
Trioceros werneri
Varanus niloticus
Afrotyphlops mucroso
Boaedon fulginosus X3
Elapsoides nigra (escape)
Atractaspis bibronii (DOR)
Lycophidion capense
Prosygmna stuhmanni
Natriciteres sylvatica
Philothamnus semivariegatus
Philothamnus angolensis
Philothamnus macrops x3
Philothamnus hoplogaster
Crotaphopeltis tornieri
Crotaphopeltis hotamboeia x2
Psammophis mossambicus (almost dead)
Thelotornis mossambisacanus
Dispholidus typus
Dendroaspis angusticeps
Atheris ceratophora x3
Atheris rungweensis x3
Afrixalus fornasini
Afrixalus morerei
Amietia moyerorum
Amietia tenuoplicata
Arthroleptis xenodactyloides
Arthroleptis stenodactylus
Breviceps fichus
Chiromantis xerampelina
Hemisus marmoratus
Hyperolius glandicolor
Hyperolius howelli
Hyperolius mitchelli
Hyperolius nasutus
Hyperolius pictus
Hyperolius pusillus
Hyperolius viridiflavus
Kassina senegalensis
Leptopelis flavomaculatus
Phrynobatrachus natalensis
Phrynobatrachus ?
Ptychadena anchietae
Ptychadena nilotica
Ptychadena oxyrhynchus
Scelerophis guttularis
Xenopus muelleri

Atheris rungweensis

À propos de l'auteur: Matthieu Berroneau

2 commentaires à «Tanzanie, endémisme et serpents mythiques – Tanzania, mythical snakes»

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  1. Leblond MArtine - le 1 mars 2023 à 22 h 15 min Répondre

    Quel superbe journal de voyage très vivant et mention spéciale aux merveilleuses photos ! Que de richesses dans la diversité des animaux avec des silhouettes complètement loufoques qui feraient la joie des réalisateurs de dessins animés ( je pense à la petite grenouille à l’aspect très revêche en particulier).
    Merci de partager toutes ces découvertes avec nous !

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